Comprendre l'immobilier

Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?

18 mai 2020
Résumé de l'actualité immobilière du 15 mai
1. Airbnb réinvente son modèle pour survivre à la crise sanitaire 2. Un nouveau décret défini les travaux éligibles au dispositif « Denormandie » pour l'investissement locatif dans l'ancien 3. La RICS anticipe une détérioration du marché immobilier d’entreprise au niveau mondial

1- Airbnb réinvente son modèle pour survivre à la crise sanitaire

La pandémie de COVID-19 a poussé Airbnb à remettre en cause profondément sa structure et ses objectifs. L'entreprise californienne, qui vient de licencier un quart de ses employés, pourrait sortir totalement transformée de la crise.

 

Alors que l’industrie du tourisme a été l’un des premiers secteurs touchés par le ralentissement économique de ces derniers mois, l'entreprise californienne a licencié le 5 mai dernier un quart de ses effectifs, soit 1 900 personnes. Brian Chesky, son CEO, s'attend à voir les revenus annuels du groupe amputés de moitié en 2020, en comparaison des 4,8 milliards de dollars de 2019. « Les revenus d'Airbnb en mars dernier étaient de 25% inférieurs à ceux de mars 2019 », affirme Kristina Sprindyte d'AirDNA, un cabinet d'intelligence de marché. « Dans une ville comme Paris, le revenu hebdomadaire avait fin avril chuté de 70% par rapport à début mars, et les réservations baissé de 78%. » La valorisation de l'entreprise, qui a dû lever 2 milliards de dollars pour faire face à ces difficultés conjoncturelles, est désormais estimée à 18 milliards de dollars, loin des 31 milliards évalués en 2017. Dans ce contexte, l'entrée en bourse, attendue jusqu’à récemment dans le courant de l'année, est bien entendu repoussée sine die.

 

Hôtes et clients : des intérêts difficilement conciliables

 

À ce ralentissement de l’activité, s'ajoute pour Airbnb une difficulté supplémentaire, que n'ont pas à gérer ses concurrents de l'industrie hôtelière : trouver un équilibre entre les intérêts des clients et ceux des hôtes. Début mars, Airbnb a mis en place une mesure permettant aux clients d'annuler leur réservation sans frais jusqu'à fin mai. Celle-ci a suscité la colère des hôtes, qui ont subi des annulations en cascade sans compensation, poussant Airbnb à débloquer 250 millions de dollars d’aides aux hôtes les mieux notés.

 

Cette mesure n'a que partiellement apaisé la fronde, nombre d'hôtes l'estimant insuffisante face aux sommes perdues. Certains ont même quitté Airbnb pour d'autres plateformes plus petites - dont le site LetsConvention.com, lancé par un hôte gérant plusieurs propriétés à Indianapolis, ancien utilisateur d'Airbnb : il rassemble une cinquantaine de biens répartis dans l'Indiana et l'Ohio, gérés par une douzaine de personnes.

 

Airbnb, de plateforme collaborative à quasi-chaine d’hôtels virtuelle

 

La crise souligne la façon dont Airbnb a évolué depuis ses débuts, en 2008. À l'origine conçue pour permettre aux particuliers de dégager un complément de revenus en louant de temps à autre une chambre vacante, la plateforme s'est professionnalisée au fil des années, jusqu'à devenir l'équivalent d'une chaîne d'hôtels géante : sur 1,1 million de logements disponibles sur Airbnb aux États-Unis, 600 000 appartiennent à des hôtes qui listent au moins 3 logements différents. Ces nombreux « professionnels de la location » ont souvent investi des sommes conséquentes dans cette optique, afin d'acheter et rénover des biens pour les louer. En l'absence de voyageurs, beaucoup risquent de se retrouver sans aucun revenu.

 

Quels futur pour Airbnb ? 

 

Si l'existence d'Airbnb n'est pour l'heure pas menacée, son modèle devrait sortir de la crise complètement transformé. Il est probable que l'industrie du voyage et du tourisme mette plusieurs années à retrouver sa dynamique de début 2020. En parallèle, un grand nombre de personnes frappées par la crise financière vont rechercher un complément de revenu. Dans ce contexte, la plateforme pourrait renouer avec ses débuts, misant davantage sur les particuliers et moins sur les professionnels.

 

Airbnb pourrait aussi devenir un moyen de louer un logement à moyen ou long terme. Kristina Sprindyte affirma avoir déjà collecté des données allant dans ce sens. « Depuis le 17 février 2020, la durée moyenne d'un séjour est passée de 3,3 jours à 7,7. Les réservations de moins d'une semaine, qui comptaient jadis pour 80% des réservations totales, ne comprennent plus que 30% de celles-ci. » Changement subtil, mais à souligner : la page d'accueil d'Airbnb met désormais en avant la possibilité de louer pour plusieurs mois, là où un onglet suggérait auparavant des escapades pour le week-end. 

 

Dans l’immédiat, Airbnb cherche avant tout à convaincre ses utilisateurs qu'ils peuvent voyager en sécurité : pour cela, l'entreprise a communiqué des mesures sanitaires à ses hôtes, incluant des détails sur la façon dont désinfecter les lieux après chaque visite, ainsi qu'une fenêtre de 24h à respecter entre chaque location. Ces mesures sont optionnelles, mais les hôtes qui les respecteront bénéficieront d'un médaillon susceptible de rassurer les clients potentiels. 

Source : La Tribune

2- Un nouveau décret défini les travaux éligibles au dispositif « Denormandie » pour l'investissement locatif dans l'ancien


Un nouveau décret (2020-426 du 10 avril 2020) vient d’être publié pour définir les travaux éligibles à la réduction d’impôt accordée aux particuliers qui effectuent des travaux d’amélioration dans l’immobilier ancien (dispositif dit « Denormandie »).

 

Pour les logements acquis jusqu’au 31 décembre 2019, les travaux de rénovation étaient jusqu’alors éligibles à la réduction d’impôt « Denormandie ». Le nouveau décret remplace la notion de travaux de rénovation par celle de travaux d’amélioration pour les investissements réalisés à compter du 1er janvier 2020, et précise la nature de ces travaux.

 

Ceux-ci s’entendent de tous travaux ayant pour objet la création de surfaces habitables nouvelles ou de surfaces annexes, la modernisation, l’assainissement ou l’aménagement des surfaces habitables ou des surfaces annexes ainsi que les travaux destinés à réaliser des économies d’énergie pour l’ensemble de ces surfaces.

 

Constituent des surfaces annexes les surfaces des :

 

Garages, emplacements de stationnement et locaux collectifs à usage commun ;

 

Loggias, balcons, terrasses accessibles privatives, vérandas, séchoirs extérieurs au logement, caves d’une surface d’au moins 2 mètres carrés ainsi que, en habitat individuel uniquement, garages individuels et combles accessibles.

 

Les travaux portant sur des locaux ou des équipements d’agrément sont exclus du bénéfice de la réduction d’impôt.

Source : EFL

3- La RICS anticipe une détérioration du marché immobilier d’entreprise au niveau mondial 

La RICS (Royal Institution of Chartered Surveyors) a sondé ses membres au premier trimestre pour évaluer leur confiance dans la santé de l’immobilier d’entreprise, dans le cadre de son « Occupier Sentiment Index » : L’étude révèle une forte perte de confiance à l’égard de l’immobilier mondial chez les investisseurs, qui anticipent de fortes baisses des loyers et des prix de vente sur les douze prochains mois. 

 

L’indice de la RICS chute de 28 points en moyenne entre le 4e trimestre 2019 et le 1er trimestre 2020, investisseurs et bailleurs confondus. Le solde net de l’indice de confiance plonge littéralement au Portugal (-90), en Grèce (-89) et en Hongrie (-88), tout comme aux Etats-Unis (-72). En France (-58) la chute est moindre et comparable à celle observée en Allemagne (-56), et il existe certains cas exceptionnels, comme Hong-Kong (-13) où le COVID-19 arrivait dans un pays déjà en crise politique. 

 

« Ce qui a commencé comme une crise de santé publique s'est transformée en une crise économique majeure, qui devrait voir émerger des changements structurels durables. Nous avons déjà pu en mesurer les conséquences sur le commerce de détail, avec un changement brutal du comportement des consommateurs. De même, l’essor du travail à distance devrait impacter durablement la perception et l’usage des espaces de bureaux. Enfin, l'essor actuel du commerce électronique et la réorientation des chaînes d'approvisionnement logistiques vers les biens de première nécessité devraient déclencher une nouvelle dynamique d’investissements.», analyse Simon Rubinsohn, économiste en chef de la RICS.

 

En France, des baisses de loyers sont à prévoir dans tous les secteurs d’immobilier d’entreprise

 

En France, l’indice du marché locatif de la RICS baisse de 8 points au 1er trimestre 2020, alors qu’il augmentait de 14 points au trimestre précédent. 

 

Alors que le marché de l’immobilier d’entreprise se portait bien au début du 1er trimestre 2020, la crise sanitaire a engendré une révision à la baisse des projections sur les douze prochains mois. Au niveau des loyers, ce sont les commerces qui devraient être les plus touchés avec des baisses de loyers estimées à -7% pour les actifs prime et à -10% pour les autres, alors que pour les bureaux, la chute devrait atteindre -2% pour les biens prime et -4% pour les autres actifs. C’est du côté des biens industriels que nous observons la plus faible baisse, avec des loyers d’actifs prime stable et des loyers pour les actifs secondaires en baisse de 1,5%.

 

« Le marché immobilier d’entreprise français entre, comme tous les autres, dans une zone de turbulences alors que la crise sanitaire, devenue économique, fragilise des pans entiers de l’économie. La sortie de crise sera longue et pourrait entraîner des changements structurels que les professionnels de l’immobilier vont devoir traiter en parallèle d’une gestion de l’urgence économique. », explique Magali Marton, MRICS, responsable du groupe recherche immobilière de la RICS en France.

Source : Immoweek 

haut de la page